Thomas JAKOBS

Bonjour Thomas, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Thomas Jakobs, j’ai 31 ans, je viens d’Annecy, à la base je suis ingénieur thermicien donc je travaillais dans les systèmes énergétiques du bâtiment, et je joue au para badminton depuis 5 ans !

 

Comment as-tu commencé le para badminton ?

J’ai rencontré une personne avec qui je pratiquais du hockey qui cherchait un partenaire d’entraînement pour pratiquer du para badminton. Il savait que j’avais pratiqué le tennis en étant plus jeune, et il s’est dit que ça pouvait m’intéresser… il a vu juste ! j’ai commencé en 2017 très ponctuellement, et beaucoup plus intensément depuis 2018 , c’est comme ça que j’en suis arrivé là !


Comment se déroule ton entraînement en vue des Jeux Paralympiques de Paris 2024 ?

Je m’entraîne deux fois par jour de manière générale : ça va de la préparation physique à l’entraînement technique pur et simple. Je vais aussi attaquer un peu plus sérieusement la préparation mentale pour m’aider à mieux gérer mes émotions sur les compétitions. Il y a un autre aspect de la préparation qui sont les stages d’entraînement :  cette semaine par exemple, les Suisses viennent s’entraîner avec nous, comme en France nous avons peu d’opposition et que nos entraîneurs nous entraînent en étant debout (donc les trajectoires ne sont pas du tout les mêmes), nous sommes un peu obligés de faire venir des partenaires d’entraînement étrangers pour pouvoir pratiquer de manière un peu plus intense notre sport dans les meilleures conditions possibles. Les stages font donc partie intégrante de la préparation et sont très importants pour la progression et pour cheminement jusqu’à Paris 2024 !


Comment gères-tu la pression et le stress liés à la compétition ?

Je pense que le mieux que l’on puisse faire est de ne pas se mettre la pression et d’essayer de ne pas se laisser envahir par le stress des compétitions qui approchent. J’essaye d’aborder les compétitions de manière sereine pour pouvoir jouer à 100% de mes capacités ; et puis je m’entraîne au quotidien pour pouvoir avoir le niveau nécessaire pour pouvoir bien aborder les compétitions : je me dis que je peux y arriver, que je me donne les moyens d’y arriver, et qu’il n’y a pas de raisons que ça ne marche pas, donc j’essaye d’être serein et de ne pas me stresser pour rien !


Qu’est-ce qui te motive à pratiquer ce sport ?

La raison #1 est le fait que ce soit un sport olympique, le fait de pouvoir participer aux Jeux Paralympiques c’est vraiment quelque chose d’extraordinaire qui n’est pas donné à tout le monde, donc ça par exemple, c’est une expérience qui me motive au quotidien, ça représente une opportunité sportive et personnelle vraiment incroyable, donc c’est vraiment la raison numéro 1 pour moi.

Ensuite ce qui me motive au quotidien, c’est le fait que je progresse, et je pense que le jour où j’arrêterai de progresser, l’entraînement deviendra plus difficile. C’est plus facile d’aller à l’entraînement quand on sent qu’on a une progression réelle qu’on peut mesurer tous les jours, donc la progression est très importante pour moi !


Comment le para badminton a changé ta vie ?

Avant mon accident, j’étais en pleine formation dans mon métier d’ingénieur, et c’est vrai qu’on a plus trop la tête à ça quand on est confronté à un accident de la vie, le sport ça m’a permis de penser à autre chose, de me fixer de nouveaux objectifs, et je pense que si dès les premiers jours qui ont suivi mon accident j’avais pu pratiquer du sport, j’aurais vécu une période un petit peu moins compliquée que celle que j’ai vécue !

Et puis par la suite, le sport de haut niveau permet de se fixer de nouveaux objectifs, de tester ses propres limites, et c’est vrai que je n’aurais jamais imaginé un jour pouvoir tutoyer un rêve olympique comme j’ai fait à Tokyo, et c’est vraiment quelque chose de gratifiant, qui redonne confiance en soi !

 

Tu as dû faire preuve de beaucoup de résilience assez jeune finalement ?

Suite à mon accident, ça m’a demandé un petit temps, quelques années, avant de savoir quel chemin je souhaitais emprunter pour me reconstruire, et c’est vrai que le fait de se retrouver en fauteuil roulant demande une toute autre organisation personnelle, donc apprend d’abord à faire ça, on apprend aussi à accepter le regard des autres qui est bien sûr complètement différent de quand on est debout, donc ce sont des choses qu’il faut d’abord assimiler dans les premières années ; et après la reconstruction se fait d’elle-même dans tel ou tel domaine, moi ça a été via le sport, et j’ai eu la chance de tomber sur ce sport qui m’a permis de rebondir d’une belle manière !


Le mot « rigueur », ça t’inspire quoi ?

Le para badminton demande une certaine forme de rigueur au quotidien, parce que c’est un sport assez physique, de toute façon je pense que c’est pareil pour tous les athlètes qui pratiquent du sport de haut niveau, on a dû mettre certaines choses de côté ; par exemple avant de pratiquer le sport de haut niveau, je faisais la fête de temps en temps avec mes amis, et l’alcool ou les excès peuvent provoquer des blessures,   donc ce sont des choses qu’il faut mettre de côté, et s’imposer cette rigueur personnelle . Et puis bien-sûr, la rigueur du quotidien à l’entraînement, si on veut continuer à progresser, à passer des étapes, la rigueur est très importante dans l’investissement à l’entraînement.


Quel est ton moment préféré dans ta carrière ?

Facile ! La médaille de bronze aux championnats du monde en novembre 2022, avec mon partenaire de double ! C’était ma première médaille sur un événement majeur comme les championnats du monde, donc un très beau souvenir, un beau moment de jeu, et de partager ça avec mon partenaire de double c’était super !

 

 

Quel est le meilleur conseil que tu aies reçu ?

Il vient de mon partenaire de double, et c’était d’être plus patient sur le terrain, c’était un de mes principal défauts quand j’ai attaqué le badminton, j’étais trop joueur et je prenais trop de risques, et au final ça me desservait complètement dans la pratique de mon sport. Le fait d’être plus patient m’a permis de franchir un cap, et de vraiment beaucoup progresser donc merci David pour ce conseil !


Un mot pour décrire ta préparation aux jeux paralympiques ?

Intense !


Merci Thomas, on a hâte de continuer à te suivre et à t’accompagner jusqu’aux Jeux de Paris 2024 !